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Sortie de corps

Extraits du texte écrit en résidence à La Factorie,

Maison de la poésie de Normandie

Mai 2023

Depuis toujours, on prête attention à son corps qui a mal.

Un « Ça ne va pas ? » équivaut à un « je t’aime ».

 

Elle se fabrique ainsi des plaies imaginaires et finit par y croire.

L’irréversible s’impose, même à l’heure du lait en brique et des sauts à la marelle.

Et si elle ne parvenait pas à redescendre sur terre ?

                   

Elle porte un masque au sourire rassurant,

mâche en silence ses inquiétudes.

Il ne faut pas affoler ceux qui les lui ont offertes.

 

En attendant, personne ne fait de tas avec.

                        

Sous son lit, des yeux jaunes immobiles la fixent.
Elle se penche pour les chasser mais ils disparaissent à chaque fois.

Seule leur haleine reste pour occuper le territoire.

 

Elle rejoint sa mère sur le canapé. Son corps au bord de respirer.

Accepte le cordon ombilical qu’on lui tend. 

 

Elle est assaillie par les secrets posés sur un plateau tendu à la naissance, sans mode d’emploi transmis avec. Elle préfèrerait une pelote de réjection coincée dans la gorge.

Au moins, on sait ce qu’on trouve dedans. C’est Mme Sauton qui l’a dit.

 

En public, elle porte un nez rouge pour divertir ce qui empêche les autres de vivre.

Corps en équilibre sur les mots, mots en éclats. Le rire s'invite.

Attention, le bonheur c’est maintenant.

Tout le monde s’agrippe.

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